Login

VU A L'ETRANGER ANB Biogas : sauver la betterave par l'électricité

Michele Distefano devant l'unité de Pozzonovo, en activité depuis novembre 2012. « ANB a voulu rendre la valeur ajoutée aux producteurs. »N. SAVIN

Dans le nord de l'Italie, l'association nationale des betteraviers, à travers la coopérative ANB Biogas, vient d'investir dans six petites unités de méthanisation.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Dans la Péninsule italienne, l'association nationale des betteraviers ANB se distingue par son projet coopératif de production de biogaz. En 2010, à la fin des mesures de soutien, elle a décidé de se battre pour le maintien de « cette petite production » qui a souffert après la réforme de l'OCM sucre. En 2006, en effet, seize raffineries ont fermé. Il n'en reste plus que quatre. Et les surfaces betteravières sont passées de 250 000 à 60 000 ha de betteraves. La tonne de betteraves se négocie en Italie à 38 €, plus 6 € d'aides européennes (article 68). Très active dans les négociations avec les groupes sucriers italiens, ANB se veut également à l'avant-garde technologique.

Anticipant une modification législative du tarif du kW/h, ANB a créé un holding. Elle-même actionnaire d'une coopérative à laquelle adhèrent 3 000 agriculteurs. Cette coopérative a ouvert six filiales sous forme de sociétés agricoles, ayant pour activité des unités de 1 MW chacune (1).

Petites unités de proximité

Ces six digesteurs anaérobiques, en fonctionnement depuis novembre 2012, sont situés entre les trois sucreries du groupe privé Eridania Sadam et le groupe coopératif Coprob. En effet, ces digesteurs sont alimentés, pour au moins 70 à 40 %, selon les unités, par des pulpes pressées des sucreries. Ils alimentent des besoins énergétiques de proximité.

La coopérative collecte auprès des sucreries, dans un rayon de 100 km, les pulpes de ses associés coopérateurs. Ces derniers ont perçu en 2012, 5,90 €/t payés en avril. L'an prochain, ils percevront 5 €/t, alors que les sucreries concèdent 1,60 €/t. Certaines ont leur propre unité de méthanisation, d'autres revendent les pulpes à des fabricants d'aliments pour bétail.

Un tarif coopératif unique

« ANB avait projeté d'investir dans deux unités supplémentaires, mais les banques n'ont pas suivi », explique Michele Distefano, directeur général de l'association. Toutefois, elle prend livraison des pulpes de tous ses associés coopérateurs, environ 70 000 t et revend les quantités « non digérées » approximativement 10 000 t, aux acteurs classiques du marché. Par esprit coopératif, elle verse 5,90 €/t à tous. En moyenne, les digesteurs consomment 10 000 t/an, mais la proportion varie selon l'équilibre biologique de chacun. En complément, les digesteurs sont alimentés avec les lisiers d'exploitations laitières, quelques pailles et de l'ensilage de maïs. « Il faut trouver le bon équilibre biologique pour chaque digesteur, mais l'objectif reste celui d'optimiser les sous-produits des exploitations adhérentes de la coopérative », affirme Michele Distefano. Douze ouvriers travaillent sur ces six sites de production.

Rentabiliser la culture

Cette valorisation des sous-produits, associée à l'augmentation des cours, a aussi permis de rentabiliser la culture betteravière, qui aurait sans cela, rapidement disparue des rotations italiennes. Malgré la petite taille des unités, les agriculteurs n'auraient pas pu monter seuls le projet, car les banques n'auraient pas suivi. La pulpe contribue à préserver la production betteravière. « Notre projet constitue le contre-pied des mégacentrales apparues juste après la réforme de l'OCM sucre. D'une part, ANB a voulu rendre la valeur ajoutée aux agriculteurs, producteurs de la matière première, d'autre part, les petites unités sont cohérentes avec la proximité des besoins énergétiques et l'élimination des sous-produits », conclut Michele Distefano.

Nadia Savin

(1) Puissance maximum pour bénéficier du tarif préférentiel de 0,28 €/kWatt. Depuis le 31 décembre 2012, les tarifs pour ce type d'installation ont baissé.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement